Accès à l’eau et à l’assainissement : des progrès en trompe-l’oeil ?

L’OMS vient de rendre public un rapport plutôt optimiste sur les progrès accomplis sur le chemin des objectifs du millénaire pour le développement en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement. Mais les critiques n’ont pas tardé à se faire entendre.

Rappelons que les objectifs du millénaire concernant l’eau et l’assainissement visent à réduire de moitié le nombre de personnes ne bénéficiant pas d’un accès à l’eau d’ici 2015, et identiquement pour celles - plus nombreuses encore - qui ne bénéficient pas d’un accès à l’assainissement.

Sur les enjeux que cela représente, lire sur ce site Objectifs du millénaire : pas de développement sans eau.

Le rapport sur les progrès accomplis en matière d’accès à l’eau et à l’assainissement est publié annuellement dans le cadre des objectifs du millénaire. Voir le rapport ici.

Asit Biswas, expert renommé et ancien lauréat du prix de l’eau de Stockholm, a critiqué publiquement dans un entretien avec le Guardian les chiffres avancés par l’OMS.

Selon lui (et de nombreuses expériences viennent confirmer ce propos), les chiffres sont souvent en trompe-l’oeil, soit qu’ils soient embellis par les administrations locales, soit qu’ils reposent sur des données démographiques tronquées (excluant les habitants "irréguliers"), soit enfin et surtout que les experts nationaux et internationaux se paient de mots : installer une toilette qui ne sera jamais utilisée, creuser un puits dont la pompe tombera en panne après quelques semaines, bétonner un autre puits... autant d’actions qui se traduisent en améliorations sur le papier, mais ne changent rien à la réalité. Il s’agit là effectivement d’un effet pervers possible d’une stratégie exclusivement focalisée sur des chiffres symboliques.

Il semble en outre, à en croire une coalition d’ONG actives sur le sujet et le rapport de l’OMS lui-même, que l’aide internationale ait tendance à délaisser le secteur de l’eau et de l’assainissement, faute d’en reconnaître l’importance stratégique... mais aussi peut-être parce que les chiffres laissent croire à des progrès qui ne sont qu’apparents.