Australie : les inondations relancent les débats politiques sur la gestion de l’eau

Les inondations qui dévastent le Sud-Est de l’Australie ont pour effet de relancer le débat, jamais apaisé, sur la gestion de l’eau dans ce pays et les solutions retenues pour faire face à la sécheresse historique des années 2000.

L’Australie avait connu tout au long des années 2000 une sécheresse interminable, qui avait amené une remise en cause fondamentale de la manière dont l’eau était utilisée et gérée jusqu’alors (lire sur ce site La sécheresse permanente en Australie ?)

Le gouvernement fédéral avait repris en main une partie de la gestion de l’eau, notamment celle du bassin du Murray-Darling, grenier agricole partagé entre plusieurs États. Un programme très coûteux de rachat aux agriculteurs de leurs droits sur l’eau avait été lancé, à coups de milliards de dollars. Plusieurs grandes villes comme Sydney et Melbourne ont investi dans le dessalement pour sécuriser leur approvisionnement.

La sécheresse est maintenant finie depuis deux ans - tellement finie que le Sud-Est de l’Australie est frappée pour la deuxième année consécutive d’inondations dévastatrices.

Du coup, tous les débats autour de l’eau, particulièrement vifs dans ce pays, reprennent de plus belle.

Les climato-sceptiques (une spécialité locale), qui avaient un temps voulu voir dans la fin de la sécheresse la preuve de l’inconsistance de la thèse du changement climatique, ont bien du mal à continuer à prétendre que ’tout est normal’ (lire ici).

Les agriculteurs, premiers visés par les nouvelles politiques de l’eau impulsées par l’État fédéral, voient dans les inondations la preuve de l’inanité du programme de rachat de droits d’extraction pour ’assurer le débit du fleuve’ (lire ici.

Les autorités des États veulent que la mise en oeuvre du nouveau plan de gestion du Murray-Darling, concocté sous l’égide du gouvernement fédéral, soit repoussé (lire ici), mais ce dernier n’y voit qu’une excuse supplémentaire pour retarder une réforme nécessaire.

Alors que la procédure de consultation publique sur le plan de gestion du Murray-Darling est à mi-parcours, les autorités se sont attiré les foudres aussi bien des écologistes que des agriculteurs pour n’avoir pas encore publié un de ses pièces maîtresses : une étude sur les coûts et bénéfices de la protection du débit de la rivière (lire ici).

Le barrage de Warragamba, qui sert à l’approvisionnement en eau potable de Sydney, a débordé devant une foule venue assister au spectacle. Il n’avait pas atteint son niveau maximal depuis 14 ans (articles et vidéo ici).

Or il s’avère qu’au plus fort de la sécheresse, le gouvernement de Nouvelle-Galles-du-Sud, où est situé Sydney , avait signé un contrat avec Veolia pour construire une usine de dessalement, contrat qui garantissait à l’opérateur un paiement de plusieurs millions de dollars durant la phase de test de l’usine, même en l’absence de besoin d’approvisionnement supplémentaire en eau potable (lire ici, ici et ici).

L’usine de dessalement est censée entrer en action lorsque le barrage atteint un niveau de remplissage de 70% ; actuellement, le barrage continue à déborder.

Recherche géographique

Recherche thématique