Conflit entre l’Argentine et l’Uruguay sur une usine polluante : la Cour internationale de justice rend un arrêt de compromis

Depuis plusieurs années, un conflit oppose l’Argentine et l’Uruguay à propose de l’installation d’une usine de pâte à papier sur la rive uruguayenne du Rio Uruguay, fleuve qui forme la frontière entre les deux pays. Les riverains et les autorités argentines craignent la pollution que cette usine va occasionner. Dénonçant une brèche dans le traité de gestion commun du fleuve, ils ont porté l’affaire devant les instances internationales, dont la Cour de justice internationale qui vient de rendre un arrêt de compromis.

photo gonzak, creative commons

Sur l’arrière-plan de cette affaire, lire sur ce site Les pollutions transfrontalières, une menace pour la paix mondiale ?. L’Argentine avait demandé à la Cour de faire démanteler l’usine, opérée par la multinationale finlandaise Botnia (et revendue il y a quelques mois à une autre société du même pays).

C’est la première fois que la Cour de justice internationale s’est saisie d’un cas relatif à l’environnement et a rendu un arrêt dans ce domaine (d’autres plaintes ont été déposées, notamment autour de la question du climat, mais sans suites pour l’instant).

En l’occurrence, la Cour semble avoir voulu rendre un arrêt de compromis, reconnaissant d’un côté le manquement de l’Uruguay à ses obligations de par le traité de gestion commun qui le liait à l’Argentine, mais refusant de faire fermer l’usine, sous prétexte que la pollution occasionnée par celle-ci ne serait pas prouvée.

Lire ici->l’article approfondi d’Inter-Press Service (IPS) et ici en français.

Il n’est pas clair pour l’instant que la décision de la Cour suffise à apaiser les relations entre les deux pays, comme l’espèrent certains. Les riverains argentins, en tout cas, ne semblent pas prêts à désarmer ni à lever les piquets qu’ils maintiennent depuis plusieurs années sur un pont transfrontalier (lire ici).

Ils argumentent notamment qu’il est trop tôt pour constater de manière probante les pollutions occasionnées par l’usine, qui n’a ouvert qu’en 2007. Or certains calculs laissent présager le pire (lire ici).

Selon une analyse détaillée de l’arrêt de la Cour publiée encore par IPS, celle-ci aurait d’ailleurs estimé non pas que la pollution (notamment au phosphore) du fleuve Uruguay était inexistante - elle est déjà substantielle - , mais que la contribution de l’usine à cette pollution était pour l’instant négligeable. Et de pointer toutes les failles du traité de gestion conjoint entre l’Argentine et l’Uruguay concernant la surveillance, le contrôle et la régulation des polluants.

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