Des forêts dans les égouts : papier toilette et ressources en eau

L’ONG états-unienne Worldwatch Institute publie dans son dernier bulletin un très intéressant article sur le boom mondial du papier toilette et ses implications - multiples et ambivalentes - sur l’état des ressources en eau.

photo selvin, creative commons

L’industrie du papier toilette connaît une croissance continue depuis plusieurs décennies, qui ne semble pas prête de se ralentir. En un sens, on ne peut que s’en féliciter puisque, comme le souligne l’article du Worldwatch Institute, cette augmentation de la demande est étroitement corrélée à une amélioration de l’accès à l’assainissement et des pratiques hygiéniques, avec à la clé tous les bénéfices sanitaires que l’on sait.

Malheureusement, cette évolution (encouragée des deux mains par l’industrie papetière) n’est pas sans contreparties négatives. L’article explique ainsi qu’en Chine, les besoins en papier ont encouragé le développement de plantations d’eucalyptus ou de pins, deux espèces d’arbres particulièrement adaptées à la papeterie, mais très gourmandes en eau, avec pour conséquences l’assèchement des ressources locales.

Conjuguée aux ambiguïtés des mécanismes internationaux de lutte contre la déforestation, la demande de papier encourage un peu partout le remplacement de forêts primaires par des plantations, avec les mêmes conséquences sur l’eau (lire La forêt, l’eau et le changement climatique).

On sait aussi que l’industrie du papier est l’une des plus nocives qui soit en termes de pollution de l’eau, comme l’ont rappelé récemment les manifestations suscitées en Russie par la réouverture d’une usine sur le lac Baïkal (lire Nouvelles manifestations en Russie pour préserver le lac Baikal), ou il y a quelques années la "guerre du papier" entre l’Argentine et l’Uruguay (Les pollutions transfrontalières, une menace pour la paix mondiale ?).

L’article revient aussi sur les obstacles qui s’opposent à la généralisation du papier toilette recyclé, ainsi que sur diverses alternatives mises en oeuvre pour produire du papier toilette sans arbres, voire pour se passer purement et simplement de papier toilette. L’article s’achève en effet sur le paradoxe suivante : se nettoyer avec de l’eau permet d’économiser davantage d’eau que de le faire avec du papier.

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