Écoparcs pour le traitement des eaux usées Des techniques naturelles peu onéreuses et efficaces

, par  SINHA Sureshwar D.

Chercheurs et militants indiens se sont alliés pour concevoir une solution de traitement des eaux usées plus adaptée au contexte de leur pays, en termes de coûts et de mise en œuvre, que les technologies en vigueur, importées d’Occident.

Le traitement inefficace des eaux usées entraîne une dégradation des conditions de vie en milieu urbain

Il est désormais largement admis que l’absence de traitement adéquat des eaux usées dans les zones urbaines, particulièrement dans les pays en développement (où la migration vers les villes entraîne également d’autres types de problèmes), représente un risque sanitaire majeur. Dans de nombreux endroits, l’eau traitée est elle-même à nouveau contaminée en aval du fait de l’état dégradé des systèmes d’écoulement des eaux et des tuyaux, entraînant des mélanges avec des eaux usées. Le traitement des eaux usées est en outre souvent pratiqué de manière inadéquate. Constatant que de nombreux pays en développement sont confrontés aux handicaps susmentionnés, l’auteur de cette fiche et l’ONG Paani Morcha ont conçu et développé un procédé naturel de traitement des eaux usées qu’ils ont appelé « écoparcs ». Le reste de cette fiche décrit brièvement les principes de base de ce procédé.

Traitement des eaux usées

Aujourd’hui, les villes déjà surpeuplées doivent faire face à un nouveau problème : les grandes quantités d’eaux usées qu’elles génèrent. Nous n’avons pas su prendre ce problème en mains, comme l’a démontré l’échec du Plan d’Action pour le Gange.

Les gouvernements des pays en développement continuent à privilégier des technologies étrangères onéreuses qui ne visent à traiter les eaux usées que jusqu’au stade secondaire, et qui dans les faits ne parviennent même pas à atteindre cet objectif – en raison, entre autres, du manque d’énergie, de l’absence de bassins en nombre suffisant et de la mauvaise maintenance.

Heureusement, notre sous-continent connaît déjà des techniques efficaces de traitement des eaux usées. C’est sur la base de cinq de ces technologies traditionnelles que l’ONG Paani Morcha a conçu et développé les « écoparcs », capables de traiter des eaux usées urbaines extrêmement toxiques jusqu’au stade tertiaire. Après quelques hésitations, les autorités indiennes ont fini par reconnaître les mérites des projets de ce type, qui permettent d’éviter les coûts élevés, aussi bien en capital investi qu’en maintenance, des stations d’épurations mécaniques. Un projet pilote mettant en œuvre cette technologie naturelle sera mis en place à Delhi. On estime que les « écoparcs » permettront un traitement des eaux usées jusqu’au stade tertiaire, recyclant l’eau à un coût qui ne représente que le quart de celui des technologies occidentales les plus courantes.

Les écoparcs consistent en une succession de cinq ou six bassins, dont la fonction peut être résumée ainsi :

Dans le premier bassin, il s’agit de neutraliser la plus grande partie de la toxicité des eaux usées urbaines à travers l’addition de substances chimiques. Dans ce même bassin, des plantes telles que les jacinthes d’eau sont également censées consommer la plupart des métaux lourds.

Dans le deuxième bassin, l’oxygène est amené soit par une pompe fonctionnant grâce à un compresseur ou par induction, en utilisant une machinerie rotative. Le réservoir est conçu de manière à absorber le maximum de lumière solaire.

Le bassin suivant utilise une technologie de « zone de racines » : on y plante des phragmites (roseaux à racines) ou des arbres fruitiers comme des bananiers, qui absorbent la plupart des déchets biologiques.

Des lemnaceae flottantes (plantes du type lentilles d’eau) sont plantées dans le bassin suivant, qui elles aussi contribuent au traitement des eaux.

Dans le bassin suivant, on élève des espèces non comestibles de poissons qui consomment des déchets, réalisant ainsi un ultime « polissage » de l’eau.

Enfin, une espèce comestible et commercialisable de poisson est élevée dans un dernier bassin. Ces poissons, tout comme les fruits et les lentilles d’eau séchées, permettent de générer des revenus qui couvrent partiellement les coûts du parc.

Notes

Contact : Sureshwar D. Sinha, Rural Development Foundation of India - 73 Sainik Farms, Khanpur, New Delhi- 110062, Inde - sureshwarsinha (at) hotmail.com

Texte original en anglais : Eco-Parks for Sewage Treatment. Traduction : Olivier Petitjean.

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