La ville de Lorient réalise des actions exemplaires dans le domaine de l’économie d’eau

, par  RANSON Ina

La municipalité de Lorient a engagé depuis les années 90 un vaste plan d’économies d’eau, aussi bien au niveau des habitants et des particuliers que de sa propre administration.

Engagée, aux côtés de six autres villes bretonnes, dans l’opération « Villes Pilotes Économies d’Eau », en partenariat avec le Conseil Régional de Bretagne, l’Agence de l’eau de Loire-Bretagne et le Ministère de l’Environnement, la ville de Lorient a développé des stratégies originales et efficaces.

L’économie de l’eau fait partie du Plan Municipal d’Environnement de Lorient, adopté en décembre 1994. La mise en place et le suivi du plan ont été confiés à la Cellule Environnement (issue de la Cellule Énergie, créée déjà en 1983). Celle-ci travaille en collaboration avec un comité de pilotage (une quarantaine de personnes représentant les différents acteurs de la vie lorientaise : État, Ville, monde associatif et économique) et sous le contrôle d’un comité de suivi indépendant de la Ville de Lorient, présidé par le président de l’association « Eaux et Rivières de Bretagne ».

Les objectifs poursuivis sont les économies d’eau (de 40 à 50 %) sur des cas concrets, en démontrant leur intérêt économique et écologique, et une action pédagogique qui s’adresse à un maximum de personnes. Les idées d’actions ont été développées en 1995 par un groupe de travail réunissant tous les partenaires motivés et compétents sur le sujet des économies d’eau (associations de consommateurs, d’environnement, HLM, Hôpital, Service des Eaux, Syndics, enseignants, professionnels…).

Huit projets d’action pour éduquer, moderniser et diffuser.

1. Information du grand public sur les économies d’eau : pour aller à la rencontre du public, le groupe de travail prit la décision d’aménager un ancien bus : l’infEAU Bus, en outil pédagogique et vitrine de la politique d’eau de la Ville. L’infEAU Bus change de quartier toutes les trois semaines et accueille le public tous les après-midi. Les adultes y trouvent réponse à des questions concernant les fuites, le matériel (prix, fournisseurs, plombiers), la facturation, la qualité de l’eau en y reconnaissant leur intérêt financier et écologique. Les enfants n’y viennent pas seulement pour s’instruire, mais aussi pour jouer. Avant de repartir, l’infEAU Bus est au centre d’une réunion-débat publique à laquelle participent des HLM, le Service des Eaux, des associations du quartier et le Service Environnement de la Ville.

Le succès de l’infEAU Bus est considérable. En témoignent par exemple les grossistes locaux qui estiment que près de 80 % de leur clientèle est demandeur de matériel économe, souvent après avoir été sensibilisé par le bus.

2. Sensibiliser les enfants dans les écoles : L’association Eaux et Rivières, qui possède une grande expérience dans ce domaine, a mis en place un projet alliant la connaissance théorique du cycle d’eau et la découverte du milieu naturel. De nombreuses classes de primaire et de maternelle en ont profité et les réponses très positives au questionnaire montrent un impact très concret du projet : les élèves ont détecté des fuites et incité à leur réparation. Par ailleurs, pour mener à bien le projet pédagogique, l’association a créé un poste d’animateur.

3. Sensibiliser les enfants en domaine périscolaire : L’association Eaux et Rivières intervient auprès des centres sociaux et différentes associations lorientaises. Et l’animateur de l’InfEAU Bus se déplace dans tous les quartiers de la ville. L’approche pédagogique cherche à impliquer les enfants dans un projet instructif et ludique à la fois.

4. Remettre à niveau des installations communales : pour être cohérent dans la démarche pédagogique, la Ville a commencé à moderniser plusieurs installations scolaires (détection et réparation des petites fuites, pose de compteurs divisionnaires et relevés effectués par les scolaires, repérage des matériels défectueux ou inadaptés, sensibilisation des usagers, coupure d’alimentation d’une fontaine…). La sensibilisation a permis une diminution significative des consommations avant même que les travaux ne soient réalisés. La mise en état de la fontaine est devenue un symbole des économies d’eau à Lorient.

5. Traitement d’immeubles témoins, comprenant le diagnostic, un plan d’action et une évaluation : cette action a montré que les propriétaires ne réagissent que si des locateurs sensibilisés aux économies d’eau leur adressent des demandes.

6. Diffusion générale : L’utilisation de différents moyens de communication a permis de faire de l’économie de l’eau un sujet populaire. De nombreux contacts ont été pris avec les associations, les grossistes, les fabricants, les écoles, les professionnels Artisans Plombiers, et souvent ces contacts ont débouché sur différentes formes de coopération. Les réunions publiques dans les quartiers ont été très soutenues par les associations. La presse quotidienne a réalisé plus de 30 articles, en 1996, avec un dossier précis tous les mois dans Ouest-France. Il y eu des émissions à la radio et à la télévision et des animations sur des parkings de grandes surfaces Enfin, les usagers ont reçu des dépliants d’information avec leur facture d’eau ou leurs quittances de loyer.

7. Diffusion du service diagnostic : distribution de fiches autodiagnostics et analyse de la consommation sur cinq années des principaux organismes (Syndics, HLM, bâtiments communaux…).

8. Formation des plombiers : le projet initial de formation proposé aux plombiers n’était pas bien perçu par la profession. Avant d’établir des relations fécondes, il fallait attendre les résultats de la communication médiatique, établir un bon contact avec les grossistes et proposer en premier lieu un partenariat. Aujourd’hui, la coopération est acquise.

Les résultats acquis

Les résultats de ces actions sont positifs sur le plan écologique, économique et social. Les grossistes locaux partenaires ainsi que les artisans plombiers ont observé une augmentation de leur activité. Les particuliers ont compris que l’investissement dans l’achat de matériel économique sera rentabilisé à court ou moyen terme. Plusieurs emplois ont été créés : celui d’un « animateur-éco-conseiller » et deux demi-postes en milieu scolaire et périscolaire. Enfin, des citoyens comprennent soudain qu’ils consomment en moyenne 50 fois plus d’eau que les habitants d’autres pays et ils sont prêts à faire des démarches concrètes pour sauvegarder cette ressource indispensable.

SOURCE
 Document interne de la Mairie de Lorient, Dir. des Services Techniques

Post-scriptum (Olivier Petitjean, 2008)

La ville de Lorient a choisi de commencer par donner l’exemple elle-même en matière d’économies d’eau. En 1978, elle consommait 333 000 m3 par an pour l’ensemble de ses bâtiments et équipements municipaux. Fin 2001, alors que son parc immobilier et sportif avait augmenté de 40 %, sa consommation était tombée à 92 000 m3. Cette réduction a été atteinte en premier lieu à travers la traque systématique des fuites, mais aussi à travers la pose de dispositifs économiseurs d’eau : boutons-poussoirs pour les robinets et les chasses d’eau, pommes de douche économes dans les installations sportives, limiteurs de débit aux robinets, pose d’un réducteur de pression NF au niveau de l’arrivée générale dans tous les bâtiments communaux alimentés par une pression supérieure à 3 bars, réfection des réseaux internes dégradés, systèmes d’arrosage économes ou intégrés... Lorient s’est ensuite tourné vers la récupération des eaux de pluie, qui en théorie pourraient couvrir jusqu’à 80 % de la consommation d’eau.

Lorient encourage ses habitants à faire de même en poursuivant une information active sur les économies d’eau et en subventionnant l’achat de cuves individuelles de récupération des eaux de pluie à hauteur de 40 % (coût qui sont d’ailleurs compensés ultérieurement par les économies occasionnées en matière de collecte des eaux usées et d’assainissement).

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