Le dossier interminable de la pollution de l’eau aux Etats-Unis

Le "New York Times" vient de clôturer provisoirement sa grande série, commencée en août dernier, sur la pollution de l’eau par un article sur les décharges d’eaux usées non traitées liées à la saturation des réseaux d’évacuation en cas de fortes pluies. La publication de cette série s’achève tout comme elle avait commencé : dans un contexte chargé fait d’annonces politiques et de scandales à répétition.

photo : hobophoebe, sous licence Creative Commons

L’article du New York Times, toujours signé du reporter Charles Duhigg, révèle que ces cas de décharges d’eaux usées dans la nature en cas de fortes intempéries sont loin d’être exceptionnels : pour la ville de New York, il concerneraient un épisode pluvieux sur deux !

On rappellera que la Commission européenne vient au même moment d’annoncer sa décision de poursuivre la France pour non respect de la directive eaux résiduaires urbaines. Ce type de problèmes se retrouve partout, même dans les villes des pays développés où un réseau d’assainissement et d’évacuation satisfaisant est théoriquement en place. Il tient à la conception de ces systèmes d’évacuation, où les eaux de pluie viennent se mêler aux eaux domestiques. Les sols urbains étant de plus en plus imperméabilisés, les eaux de pluie ne sont plus drainées dans le sol mais redirigées vers les réseaux, qui se trouvent donc surchargés. Plusieurs villes ont mis en place des politiques pour remédier à ce problème : voir sur ce site Économiser l’eau consommée dans les villes. Dernièrement, aux États-Unis mêmes, le Maine et le Vermont ont édicté des législations contraignantes pour prévenir ces problèmes dans toutes les nouvelles opérations de développement urbain.

Révélations...

La série du New York Times a incité d’autres médias états-uniens à mener leur enquête. National Geographic s’est ainsi penché sur les eaux du Puget Sound (Etat de Washington) et y a retrouvé, outre les sources de pollutions chimiques et bactériologiques bien connues, des traces d’épices et autres substances culinaires, ainsi que de cocaïne, de cannabis et de divers médicaments.

Le Los Angeles Times, pour sa part, s’est consacré à la pollution issue des sites de recherche nucléaire dans le Nevada et le Nouveau Mexique

Par ailleurs, un rapport publié par The Organic Center (TOC), l’Union for Concerned Scientists (UCS) et le Center for Food Safety (CFS) dénonçait l’augmentation de l’usage des pesticides dû à l’adoption massive par les agriculteurs états-uniens de semences génétiquement modifiées.

... et batailles autour de la régulation

L’EPA, agence fédérale de protection de l’environnement, a elle aussi multiplié les annonces en réponse au mouvement d’opinion créé par le New York Times (et sous la pression de nombreuses associations environnementales locales et nationales). L’agence vient dernièrement d’annoncer, par exemple, de nouvelles règles relatives aux sites de construction.

L’EPA a aussi contraint Monsanto à régler les problèmes de pollution créés par la mine de phosphate que l’entreprise exploite dans l’Idaho (phosphate qui sert principalement à la fabrication du Round-up). Cela a été possible parce que Monsanto cherchait à faire autoriser une autre mine dans la région.

Les autorités états-uniennes ont en revanche déjà autorisé la réouverture d’une mine d’uranium en Arizona, malgré les problèmes de pollution de l’eau déjà détectés et de fortes suspicions d’impacts sanitaires sur les populations amérindiennes alentour. Des groupes environnementaux ont saisi les tribunaux pour faire annuler cette décision.

C’est aussi la menace d’une poursuite juridique par des environnementalistes qui a poussé un juge fédéral à intervenir, de manière inédite, pour obliger l’État de Floride à édicter des règles plus strictes en matière de pollution agricole (lire ici et ici). D’autres organisations dans le Wisconsin semblent prêtes à emboîter le pas à leurs consoeurs de Floride.

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