Les collectivités locales et la protection de l’eau dans la Sierra centrale de l’Equateur Projet de reforestation dans les communautés de Guamote, province de Chimborazo

Pour assurer l’accès à l’eau en milieu rural et montagnard, avant de penser puits, tuyaux ou réservoirs, il vaut mieux penser à protéger et restaurer la couverture forestière.

Il y a, dans le canton de Guamote, une communauté appelée San Antonio. L’un des habitants de ce village est Hilario Wiñay, qui étudie la technologie agro-sylvicole à l’Université de Chimborazo. À mesure qu’il acquiert des connaissances théoriques, il les met en application dans le cadre de son travail pour la Commune de Guamote.

Avec une équipe de dirigeants communautaires et de fonctionnaires de la Commune de Guamote, il a élaboré un projet de développement cantonal, et ensemble ils ont systématisé leurs idées de manière à permettre la participation des communautés locales et le soutien effectif de la Commune.

Ils ont mené des campagnes de conscientisation dans tout le canton :

 pour la préservation des bassins hydrographiques ;
 pour que les habitants cessent de mettre le feu aux zones de brousse ;
 pour que leurs cultures soient plus ordonnées ;
 pour limiter les déplacements des tracteurs dans certains terrains ;
 pour préserver certains lieux mis en danger par un pâturage massif.

Tout ceci dans l’objectif de préserver l’eau, car ce canton ne veut pas connaître les pénuries d’eau qui sont observées ailleurs. Pour cette raison ont été plantés des arbres qui favorisent l’humidité du sol, et préservent la vie du versant. L’objectif à l’horizon 2012 est d’avoir procédé à la reforestation complète de la colline, aujourd’hui totalement couverte par la brousse.

Parallèlement a été mise en place la perception d’une modique participation forfaitaire auprès des habitants. L’argent ainsi récolté est destiné à l’achat d’arbres supplémentaires, la construction d’un bassin de réserve, de tuyaux, etc. Le souhait de Hilario Wiñay est de ne dépendre d’aucune institution et d’atteindre l’autofinancement. Ils ne désirent pas solliciter l’appui d’ONG, car cela contribuerait à « l’augmentation de la dette extérieure, qui ne fait que nous rendre plus dépendants ».

S’il advient que des institutions extérieures fassent des propositions, une réunion est organisée avec les dirigeants, la Commune et avec les institutions concernées pour parvenir à un accord sur la manière de travailler. Malheureusement, les pratiques paternalistes de certaines ONG ont fait que certains habitants de Guamote s’accoutument à recevoir des cadeaux, au point de perdre de vue la pratique de la réciprocité. Ce projet a précisément pour but de préserver le principe de réciprocité.

Il comprend les volets suivants :

 Production agricole ;
 Gestion des ressources naturelles ;
 Éducation : l’objectif est la disparition de l’analphabétisme en 12 ans ;
 Santé : le projet bénéficie de l’appui du Ministère de la Santé aussi bien que celui de l’Agriculture, ainsi que d’autres partenaires ;
 Tourisme : ont été créés des lieux d’accueil équipés d’ordinateurs, des packages touristiques ont été préparés ;
 Production et/ou micro-entreprises productrices. L’obstacle le plus important est la ZLEA (Zone de Libre-Echange des Ameriques).
 Volet organisationnel.

La coordination et la mise en œuvre de ces activités sont déléguées à deux représentants indigènes.

Bien que l’équipe de travail ne compte que ces deux indigènes, Hilario Wiñay déclare que le défi est de parvenir à mieux intégrer cette dimension, car il est selon lui fondamental de parler depuis sa propre expérience, depuis sa propre manière de vivre. C’est une idée que les acteurs du projet ont à cœur.

L’équipe maintient une bonne communication, de manière à ce que tous les membres du groupe soient informés de ce qui se passe et de ce qui va se passer. Cela permet d’éviter les mauvaises coordinations et les erreurs dans les activités au quotidien.

10 années se sont écoulées depuis que la municipalité est passée dans des mains indigènes. Les nouveaux dirigeants ont reçu l’appui de la Fundación Natura et du Ministère du Bien-être social, avec qui a été signé un accord relatif à ce projet de reforestation, pour un budget de $4000, dont $1000 apportés par les communautés.

Commentaire

Le plan stratégique du canton de Guamote est le résultat d’un processus de longue haleine de la part des organisations indigènes et des autorités locales. Ce plan de développement a permis de mettre de l’ordre dans la multitude des initiatives et des projets. Hilario Wiñay est à la tête de l’un de ceux-ci : la préservation des sources d’eau pour les communautés, à travers la reforestation des zones de brousse où elles sont situées. Sans la participation consciente de la population à ce projet, tous les efforts seront vains. C’est pour cela qu’il faut mettre l’accent sur l’éducation à l’environnement et le travail solidaire.

Note

Fiche DPH originale en espagnol : Gobiernos locales y la defensa del agua en la Sierra central del Ecuador. Traduction : Olivier Petitjean.

SOURCE
 Fiche réalisée sur la base d’un entretien avec Hilario Wiñay, participant à la Seconde rencontre des Habitants des Montagnes, organisée à Quito du 17 au 22 septembre 2002. Pour plus d’informations, contacter directement Hilario Wiñay, Tel. : 03.916.160, 10 de Agosto y Montalvo, Guamote, Chimborazo, Ecuador.

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