Coca-Cola contre India Resource Center : la bataille de l’eau Béatrice Héraud, Novethic

Alors que Coca-Cola affirme qu’elle aura reconstitué les eaux souterraines utilisées par la compagnie en Inde à la fin de l’année et qu’elle sera globalement « neutre en eau » en 2012 dans le pays, l’India Resource Center parle d’ « escroquerie ».

En mars dernier, lors d’un sommet de la Confédération de l’industrie Indienne, le directeur qualité et environnement indien de Coca, Navneet Mehta, déclarait que l’objectif du groupe était de reconstituer les eaux souterraines utilisées par l’entreprise dans le pays à la fin 2009 et de devenir « neutre en eau » pour tous leurs produits et processus en 2012. « Remplacer chaque goutte d’eau utilisée dans nos boissons et dans leur production », c’est le but que s’est fixé la firme dès 2007 pour l’ensemble du monde. Mais cette annonce a une résonnance toute particulière en Inde où Coca-Cola est fortement contesté, justement en raison de sa trop grande consommation d’eau. Ses implantations dans le Rajasthan, notamment, sont mises en cause du fait de l’aridité de la zone, l’une des plus sèches du pays. Or Coca-Cola, qui se définit elle-même comme « hydration company », a besoin de 3,26 litres d’eau pour produire 1 litre de soda (2,47 l en moyenne dans le monde soit 300 milliards de litres d’eau utilisés en 2007). En Inde pourtant, « près de 20% de la population n’a pas accès régulièrement à l’eau potable et 80% de la population rurale s’approvisionne en eau potable via des réserves souterraines », selon une étude publiée en mars par Ubifrance.

Dans le camp associatif, les annonces de Coca Cola font figure de belles paroles. Un livre blanc de 2007 sur le concept de « neutralité en eau », auquel ont pris part Coca-Cola, le WWF et le World business Council on sustainable developpement notamment, en montre d’ailleurs les limites. « Au sens strict, le terme « water neutral » est gênant et peut même être trompeur. Il est souvent possible de réduire l’empreinte de l’eau mais il est généralement impossible de la faire descendre à zéro », affirme le rapport pour qui le terme a surtout une résonnance médiatique. « Il est impossible pour Coca-Cola de tenir cet engagement et ses documents même le prouvent. Il s’agit d’une opération de communication », s’indigne Amit Srivastava, le coordinateur du Centre de ressources India. Basée à San Francisco, l’organisation est aujourd’hui presqu’exclusivement centrée sur le cas Coca qu’elle accuse, soutenue par d’autres associations et des communautés indiennes, de pomper une quantité énorme d’eau et de polluer les nappes phréatiques. Depuis le retour de l’entreprise sur le sol indien (elle en avait été chassée en 1977 par le gouvernement) il y a 16 ans, les deux camps se livrent donc une farouche bataille à coups de jugements, d’études et d’information interposées. Mais c’est depuis le début des années 2000 que les choses s’accélèrent, avec l’ouverture de l’usine de Plachimada. Lire la suite

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