Alors que le débat sur la qualité des eaux et la régulation de la pollution bat son plein aux États-Unis, entre autres grâce à une grande enquête initiée par le New York Times, plusieurs annonces et événements récents suggèrent que la situation au niveau français devrait susciter tout autant d’inquiétudes.
L’ampleur prise par l’affaire des algues vertes du littoral breton a montré combien les efforts entrepris depuis des années pour limiter la pollution d’origine agricole dans cette région avaient eu peu d’effets concrets. Selon les données collectées au niveau européen dans le cadre de l’application de la directive nitrates, 30% des points d’eau contrôlés sur tout le territoire de l’Union avaient vu la pollution aux nitrates empirer entre 2004 et 2007 (le reste étant stationnaire), et 15% de ces points d’eau présentaient des concentrations supérieures aux seuils de potabilité.
Au même moment, toujours en France, un autre débat faisait rage, initié par les experts autoproclamés de la lutte contre le cancer, sur les risques supposés de l’eau du robinet pour les femmes enceintes et autres personnes fragiles.
Or la question des nitrates ou même des pollutions agricoles ne constitue qu’une partie des problèmes. L’application de la Directive-cadre sur l’eau permet de mettre en lumière les limites des avancées concrètes dans ce domaine, malgré les grands discours qui se succèdent depuis une vingtaine d’années.
Sur ces questions, lire sur ce site La pollution de l’eau d’origine agricole en France et en Europe et Europe : de la préoccupation environnementale à une gestion européenne du secteur de l’eau ?.
En matière de transparence, des progrès ont toutefois été enregistrés. Au niveau français, le Ministère de la santé vient de publier en ligne un registre de la qualité de l’eau potable sur tout le territoire. Jusqu’ici, cette information devait obligatoirement être communiquée par les communes, ce qu’elles ne faisaient pas toujours de manière adéquate et/ou régulière. Ces données sont accessibles à l’adresse suivante : http://www.sante-sports.gouv.fr/dos....
On notera enfin que la transparence, la crédibilité et la cohérence des informations relatives à la qualité de l’eau risquent de souffrir de l’application de la nouvelle loi sur l’eau française, qui stipule l’ouverture au "marché concurrentiel" du secteur des test de qualité de l’eau, jusqu’ici assurés par un réseau de laboratoires départementaux. La compétition qui s’annonce avec les laboratoires des grandes multinationales de l’eau risque d’entraîner une profonde restructuration du secteur.