États-Unis : un militant condamné pour avoir déposé des bouteilles d’eau dans un parc national proche de la frontière avec le Mexique

, par  Olivier Petitjean

Le 13 août dernier, un tribunal de Tucson dans l’Arizona a condamné Walt Stanton, un militant de l’association No More Deaths (“Plus de morts”) à 300 heures de travaux d’intérêt général. Sa faute ? Avoir déposé des bouteilles d’eau en plastique dans une aire sauvage protégée proche de la frontière mexicaine, à l’usage des immigrants clandestins qui se risquent à traverser ces zones désertiques.

Walt Stanton a été condamné pour "dépôt d’ordures" dans le Buenos Aires National Wildlife Refuge. Les responsables de cette zone protégée, située au Sud-Ouest de Tucson, ont indiqué qu’ils autorisaient d’autres groupes d’aide aux migrants à installer des réservoirs d’eau pour les Sud-Américains franchissant clandestinement la frontière, mais que des bouteilles en plastique étaient inacceptables parce qu’elles mettaient en danger les espèces sauvages et qu’elles empiraient le problème déjà préoccupant des décharges sauvages dans la zone. Le ministère public s’est emparé de l’affaire et a visiblement souhaité régler ses comptes avec ceux qui aident les migrants (la peine finalement prononcée par le juge est bien moindre que ce qui avait été requis initialement).

No More Deaths, de son côté, affirme que les responsables du Refuge ont systématiquement refusé d’octroyer de nouveaux permis d’installation de réservoirs depuis 2001, forçant ses militants à recourir faute de mieux à la solution de l’eau en bouteille. Les responsables et avocats de cette organisation assurent que leurs activistes s’efforcent de remédier aux problèmes environnementaux occasionnés par l’immigration clandestine, par exemple en collectant les déchets au cours de leurs patrouilles.

Surtout, les organisations d’aide aux migrants soulignent que la responsabilité ultime de cet état de fait revient à la politique migratoire états-unienne, et notamment à la pratique consistant à canaliser autant que possible les passages des migrants dans les zones les plus désertiques. Selon No More Deaths, cette politique a entraîné plus de 5000 décès le long de la frontière avec le Mexique, dont une majorité morts de soif. Depuis le début de l’année 2009, les autorités frontalières ont retrouvé 161 corps d’immigrés clandestins rien que dans la zone de Tucson où s’est déroulée l’affaire.

Il semble donc que certaines autorités américaines ont souhaité profiter de la mauvaise image environnementale de l’eau en bouteille pour discréditer les organisations d’aide aux migrants. La plupart des grandes organisations environnementalistes états-unienne ont exprimé leur soutien pour Walt Stanton et No More Deaths.

Voir le site de No More Deaths : http://www.nomoredeaths.org/

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