Faire face à la rareté de l’eau : défi du XXIe siècle

, par  Larbi Bouguerra

Le dernier rapport de la FAO (Organisation mondiale pour l’agriculture et l’alimentation) – publié le 20 mars 2007, à l’occasion de la Journée Mondiale de l’eau - avertit que le monde manque de plus en plus d’eau et que les États doivent mettre l’accent sur les importantes questions liées à l’eau si ils veulent faire l’économie d’une crise majeure.

« Faire face à la rareté de l’eau : Défi du XXIe siècle », tel est le titre de ce rapport de la FAO, organisation du système des Nations Unies s’occupant de l’agriculture et de l’alimentation dont le siège est à Rome. Ce document relève que « la rareté croissante et la compétition pour l’eau constituent des menaces majeures pour l’avenir pour ce qui est de la lutte contre la pauvreté, tout particulièrement dans les campagnes ».

Ce rapport ajoute que, dans les zones semi-arides, de plus en plus, pour les populations, l’allocation et l’accès à l’eau sont plus critiques que les soins de santé primaires ou l’éducation.

Le rapport affirme que la plupart des pays du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord ainsi que le Mexique, le Pakistan, l’Afrique du Sud et de vastes régions de la Chine et de l’Inde souffrent de manière aiguë du manque d’eau.

L’agriculture irriguée, dans ces pays, est le premier consommateur de la ressource et, c’est donc généralement le premier secteur à ressentir les effets de son manque et de sa rareté.

Pour satisfaire leurs besoins, le rapport suggère que ces pays mettent l’accent sur l’usage efficace de toutes les sources d’eau et mettent en œuvre des stratégies d’allocation « qui maximisent les retours économiques et sociaux de ressources en eau limitées et, dans le même temps, améliorer la productivité de l’eau dans tous les secteurs ».
De même, un effort spécial doit être fait pour s’occuper des questions relatives à l’équité pour ce qui est de l’accès à l’eau ainsi que pour ce qui est des impacts sociaux des politiques d’allocation de la ressource, affirme ce rapport.

Le document de la FAO affirme que la rareté et la sur-allocation sont souvent provoquées par « une approche basée sur l’offre en vue du développement, approche qui ne tient pas suffisamment compte des limites des systèmes hydrauliques ». Le rapport critique les approches politiques adoptées et dit : « Dans la plupart des cas, la nature politique prépondérante des décisions intéressant l’eau prend le pas sur la faisabilité hydrologique des projets alors que leurs conséquences sociales, en termes de frustration et de privation pour des groupes spécifiques d’usagers, ne sont bien évaluées. Dans bien des endroits, les outils légaux et institutionnels nécessaires pour la gestion de la rareté de l’eau ne sont pas disponibles, ce qui ouvre la voie aux abus et à l’accès inéquitable de la ressource ».

Le rapport recommande de se pencher sur la rareté de l’eau au niveau local ou régional, au niveau du bassin versant plutôt qu’au niveau national ou mondial et ajoute : « Dans les conditions de rareté de la ressource, la mise en place de pratiques de gestion efficaces et équitables demandent des connaissances, de l’expertise et des investissements tant au niveau politique, institutionnel que technique ».

Le document insiste sur le fait que la rareté de l’eau est une question liée organiquement à la pauvreté, particulièrement dans les zones rurales et conclut : « L’eau non potable et le manque d’installations sanitaires sont le lot des pauvres partout sur notre planète ».

Commentaire

Ce rapport de la FAO tombe à point nommé pour souligner la gravité de la situation quant à la disponibilité de l’eau sur notre planète.

Il est clair que la rareté de l’eau est liée non à un manque physique de la ressource mais plutôt à la pauvreté, au manque d’investissement dans les campagnes et à l’inégalité d’accès à la ressource. A plusieurs reprises, le terme « équité » revient en leitmotiv dans ce document.

Il est tout aussi clair que la politique « pollue » fortement tout ce qui touche à l’eau.

Enfin, les hommes doivent réaliser que la politique de l’offre ne saurait être poursuivie éternellement ; comme le confirme le groupe du Professeur Pedro Arrojo, de l’Université de Saragosse en Espagne.
L’approche « développement durable » doit entrer dans les mœurs.
Comme l’eau est au cœur de l’agriculture irriguée pratiquée notamment sur une grande échelle dans les rizières, il est primordial d’améliorer la productivité de l’eau dans ce secteur qui alimente une fraction importante de l’Humanité.

Il va de soi que la mauvaise gestion de l’eau, jointe à la rareté, est une sérieuse menace pour la paix dans le monde, d’autant que les zones géographiques les plus touchées par le stress hydrique sont déjà le théâtre de conflits récurrents ou de faible intensité.

Ce rapport de la FAO le confirme au delà de tout doute : l’eau est un facteur fondamental pour la paix sur cette planète.

SOURCE
 Lisa Stedman, « FAO report warns of world-wide water stress », http://www.iwapublishing.com (consulté le 20 mars 2007).

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