Fonte des glaciers himalayens : des discours trop alarmistes ?

Plusieurs annonces récentes tendent à relativiser l’idée que les glaciers himalayens sont condamnés à une fonte rapide et inéluctable ; les évolutions constatées sont plus nuancées, mais pas rassurantes pour autant. Les écologistes et les scientifiques de l’IPCC/GIEC auraient-ils été trop loin dans l’alarmisme, alors que la réalité des modifications climatiques est forcément plus complexe ?

Photo Amar Chandra, licence Creative Commons

La fonte des glaciers himalayens aurait des conséquences dramatiques en particulier pour l’approvisionnement en eau de millions d’Asiatiques, puisque la plupart des grands fleuves du continent y prennent leur source. Lire sur ce site L’Himalaya, le changement climatique et la géopolitique de l’Asie.

Dans le cadre de la croisade menée par les "climato-sceptiques" contre l’IPCC/GIEC, les chiffres avancés par cette institution dans ses rapports se sont trouvés sous la sellette. En cause notamment, la prédiction selon laquelle ils auraient tous disparu en 2035. Il semble malheureusement que cette prédiction n’ait pas beaucoup de bases dans les faits et ait été avancée trop rapidement, sur la base de propos déformés d’un scientifique indien. D’autres experts tablent sur un fonte plus lente (de 70% d’ici la fin du siècle). Les conséquences sur les ressources en eau sont incertaines, mais probablement désastreuses au moins dans certaines régions. Le WWF également s’est trouvé pris en faute pour une référence erronée qui s’est glissée dans un rapport sur la question publié en 2005. Sur ces affaires, lire les articles du New York Times et du Guardian, qui a largement couvert l’affaire à la fois dans ses pages environnement (ici et ici) et dans ses pages opinion (ici, ici et ici).

Sur les difficultés à évaluer l’évolution des glaciers himalayens, qui peut être contrastée en fonction de la région ou de la taille originelle de ces glaciers, voir ces deux articles de SciDev.net et de Down to Earth, magazine du CSE (New Delhi), qui portent sur une étude publiée à l’automne 2009 sous l’égide du ministère indien de l’environnement, selon laquelle la fonte des glaciers se serait "stabilisée" à partir de 2007.

On lira les commentaires éclairés de Down to Earth sur cette affaire et l’utilisation politique qui en a été faite en Inde dans le cadre du compte à rebours vers Copenhague.

Sur l’importance et la difficulté à disposer de données décisives sur l’impact du climat sur les glaciers, voir aussi ici.

Pour un exposé général sur la fonte des glaciers, leur variabilité et les raisons pour lesquelles il n’est pas toujours facile d’avancer des chiffres solides, voir le point sur la question proposé par SciDev.net (et aussi ici), et celui proposé par le site chinadialogue.net.

Enfin et surtout, le glaciologue indien dont était parti toute l’affaire (c’est une de ses déclarations qui avait été rapportée de manière inexacte dans un entretien et ensuite repris dans le rapport du GIEC/IPCC) a pris publiquement la parole pour rappeler la réalité du changement climatique et de la fonte des glaciers, partout et y compris dans l’Himalaya. Voir l’article d’IPS à ce sujet.

Rivière Baghirati (Gange), photo huggy47, licence Creative Commons

Dans la plupart des cas, comme dans la région de Ladakh, il est difficile de démêler l’impact du climat par rapport à celui d’autres facteurs, comme le boom touristique que connaît la région. Voir le reportage d’Inter-Press Service à ce sujet.

Une évolution bien réelle

Il n’en reste pas moins que certaines évolutions négatives sont indéniables et bien documentées. Parmi les reportages et études les plus récents, on peut mentionner ce reportage du Guardian, assorti d’une vidéo, cet autre reportage du Panos Institute, un récent rapport du Programme hydrologique mondial, un reportage photo comparatif réalisé par l’Asia Society, ainsi qu’un rapport du WWF.

On rappellera enfin que les incertitudes scientifiques relativement au climat peuvent également jouer en sens inverse : les experts prévoyaient que le glacier Chacaltaya, en Bolivie, disparaisse d’ici 2015 du fait du réchauffement. En fait, il a définitivement disparu début 2009.

D’ailleurs, une semaine après la rétractation de l’IPCC/GIEC, le World Glacier Monitoring Service (WGMS) a publié ses chiffres annuels, qui confirment que les glaciers du monde continuent à fondre à un taux rapide et historique,ment inédit. Le WGMS précise que les glaciers situés à des altitudes relativement faibles (Andes, Alpes, Pyrénées) sont plus immédiatement menacés que les glaciers de haute altitude (Himalaya ou Alaska par exemple). Lire l’article du Guardian.

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