Le très médiatisé et controversé projet de "transfert Sud-Nord"des eaux de la Chine - qui vient de franchir de nouvelles étapes décisives - n’est que la manifestation la plus visible et la plus massive d’une véritable frénésie de mégaprojets de transferts d’eau au bénéfice des grandes villes chinoises.
Les autorités chinoises viennent d’annoncer l’achèvement d’un gigantesque tunnel crucial pour la "route orientale"du mégaprojet de transfert d’eau du Sud (principalement le bassin du Yangtze, censé être relativement humide) vers lla moitié Nord, plus sèche, du pays. La route orientale est censée approvisionner les provinces du Shandong et du Hebei et la ville de Tianjin dès 2013. Lire les commentaires du site étatsunien Circle of Blue sur cette annonce.
Le site Circle of Blue propose une série de photos édifiantes sur les chantiers du mégaprojet de transfert Sud-Nord. Ces photos accompagnent leur article de synthèse (daté mars 2011) sur le méga projet.
Prallèlement, le gouvernement central a pris de nouveaux engagements financiers pour mener à bien l’aménagement des routes orientale et centrale (lire ici en anglais.
D’autres projets de transfert d’eau un peu partout
Le site chinadialogue vient utilement rappeler que derrière ce mégaprojet d’envergure nationale, il existe également une multitude de projets de transfert d’eau de grande envergure au profit des métropoles chinoises en plein boom. Ces projets visent à remédier aux problèmes de quantité et de qualité d’eau que ces villes rencontrent dans leur développement.
Lire l’article (en anglais).
Les auteurs citent notamment le Qiandao Lake Project, récemment annoncé, qui vise à desservir Hangszhou (coût : 3,2 milliards de dollars US), le projet de transfert "Ouest-Est" de la province du Guangdong, pourtant humide, pour approvisionner Guangzhou, Donghuang et Shenzhen (3,7 milliards de dollars US), ou encore le Central Yunnan Water Diversion Project, au bénéfice de Kunming (10 milliards).
Les fonds nécessaires sont fournis par le gouvernement central et permettent de booster à court terme les performances de PIB des provinces et villes concernées.
Les auteurs démontrent ensuite les coûts et les impacts exorbitants de ces projets. Ceux-ci sont d’abord économiques : transporter l’eau requiert de l’énergie, d’où parfois au final un prix au mètre cube inacceptable pour les populations, et les compagnies opèrent à perte. Ils sont aussi environnementaux : de nombreuses rivieres ou lacs voient leur niveau réduit à peau de chagrin, d’où la perte de pêcheries, de nombreux cas de contamination du fait de déséquilibres biologiques, ou encore des risque accrus d’intrusions salines comme dans le delta du Yangtze.