L’accaparement des terres et l’eau

Il y a quelques semaines, les autorités de Madagascar ont annoncé l’annulation d’un accord d’exportation d’eau à destination de l’Arabie saoudite. Cet événement, qui intervient après l’annulation mémorable d’un contrat d’achat de terres malgaches par la Corée du Sud, montre que la tendance actuelle à l’appropriation de terres arables dans les pays pauvres (notamment africains) par des pays riches mal pourvus s’inscrit tout naturellement dans le contexte de la géopolitique de l’eau.

Le "commerce de l’eau" ne se limite pas à l’exportation de ressources "brutes" vers des pays souffrant de la sécheresse ou d’une demande sans commune mesure avec la disponibilité locale - un commerce au reste encore limité même s’il peut tenter des petits pays bien dotés en eau.

Le portail états-unien Circle of Blue rapporte ainsi que Madagascar a failli signer un contrat d’exportation d’eau à destination de l’Arabie saoudite, mais s’est finalement rétracté face aux protestations. Cette annulation fait suite à celle d’un contrat d’achat de terres arables par le groupe sud-coréen Daewoo, contrat dont l’annonce avait déchaîné les protestations et finalement entraîné la chute du gouvernement malgache. Il y a évidemment continuité entre les deux affaires, et que ce soit sous forme "brute" ou sous forme de terre arable, c’est bien fondamentalement leurs ressources en eau que les pays du Syud peuvent être tentés de monnayer. Le phénomène mondial actuel d’achat plus ou moins légitime de terres agricoles dans le Sud par des pays plus riches, notamment du Moyen Orient, est bien une de redistribution globale des ressources en eau, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle risque de s’effectuer aux dépens des populations et des écosystèmes locaux.

Sur la question de l’accaparement des terres au niveau mondial par des pays riches dans les pays pauvres (global farmland grab), on se référera au site de suivi très complet et multilingue monté par GRAIN : http://farmlandgrab.org