Les autorités californiennes approuvent une réforme majeure de la gouvernance de l’eau

L’adoption par les chambres californiennes de cette nouvelle législation vient apporter une conclusion provisoire à un feuilleton politique qui dure au moins depuis cet été, et en fait depuis des années.

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Le système de gouvernance de l’eau en Californie est connu autant pour sa complexité et parfois son absurdité que pour son "irréformabilité", en raison de la présence de puissants acteurs défendant des intérêts acquis et empêchant toute avancée, les “water buffaloes” (lire sur ce site le texte Le delta du Sacramento et les ressources d’eau de la Californie sur le contexte général et l’importance cruciale de la question du delta du Sacramento).

La sécheresse (en fait toute relative) qui a sévi ces dernières années et atteint son point culminant durant l’été 2009 explique en partie qu’un accord ait pu être atteint. Les intérêts de l’agribusiness et l’administration républicaine du gouverneur Arnold Schwarzenegger avaient tenté de mettre les difficultés économiques des travailleurs agricoles sur le dos d’un jugement fédéral limitant les extractions d’eau dans le delta du Sacramento (lire sur ce site "Sécheresse" en Californie, la faute aux poissons ?). A l’approche des nouvelles élections, Arnold Schwarzenegger, préoccupé d’assurer sa réélection, a voulu profiter de la situation pour imposer la construction de nouveaux barrages ainsi que la réalisation du fameux "canal périphérique" rejeté au début des années 80 par les électeurs californiens. Soucieux d’apparaître comme celui qui aura réussi à débloquer une situation inextricable, il a fait pression pour que les chambres californiennes (à majorité démocrate) se mettent d’accord sur une réforme globale de la gouvernance de l’eau. Cette législation a finalement été approuvée le 3 novembre après plusieurs mois de sessions spéciales et de péripéties.

On notera qu’au cours de ce débat, Arnold Schwarzenegger a mis son veto à une proposition de loi visant à consacrer le droit à l’eau en Californie

La nouvelle législation adoptée prévoit entre autres :
 Une obligation de réduction de 20% de la consommation d’eau dans les villes californiennes d’ici 2020.
 L’institution d’un contrôle des extractions d’eau souterraine (contrôle qui n’existait pas du tout jusqu’alors et qui encore a été âprement combattu par certains représentants !).
 La mise en place d’un Comité spécialement dédié à la gestion du delta du Sacramento, éventuellement habilité à décider de la construction d’un canal périphérique.
 L’augmentation (très modeste par rapport à ce qui était demandé par les écologistes) des pénalités pour les extractions d’eau illégales.
 L’émission de bons d’État à hauteur de 11,1 milliards de dollars US pour financer ces mesures. Ce dernier point devra être approuvé par les électeurs californiens. (Selon le San Francisco Chronicle, les mesures du plan proprement dites s’élèvent à un peu plus de 5 milliards de dollars US ; le reste consiste en “earmarks”, c’est-à-dire des mesures ponctuelles ajoutées de manière purement opportuniste pour plaire à tel ou tel représentant local et/ou à son électorat et augmenter ainsi les chances d’une acceptation lors du référendum.)

Photo MrMitch, sous licence Creative Commons

Un certain nombre d’organisations environnementales s’opposent à cette législation parce qu’elle semble constituer un feu vert implicite au "canal périphérique" (c’est aussi l’analyse des grandes agences de l’eau du Sud de la Californie, et la raison pour laquelle elles ont accepté la législation) ; d’autres la soutiennent en raison des avancées qu’elle comporte par ailleurs.

Lire l’article du New York Times et la présentation de la loi et des débats entre écologistes proposée sur le blog "Greenwire" de ce même journal.

Pour un point de vue critique sur la réforme proposée, lire l’analyse publiée sur Alternet, ainsi que, sur le même site, cet article ravageur sur les intérêts économiques agro-hydriques californiens qui militent activement, et avec succès, pour un développement de nouvelles infrastructures allant de pair avec une marchandisation accrue de l’eau dans cet Etat.

Pour un point de vue plus nuancé mais plutôt négatif, on peut se référer au blog de Peter Gleick, directeur du Pacific Institute. Voir aussi ici, ici, ici, ici et ici.

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