Aujourd’hui encore, les promoteurs des grands barrages se plaisent à présenter l’hydroélectrique comme une alternative « propre » aux sources d’énergie fossile comme le gaz, le pétrole ou le charbon. En réalité, les études scientifique s’accumulent pour montrer que les grands barrages sont des émetteurs importants de gaz à effet de serre (notamment de méthane), dans des proportions variables selon les conditions locales et l’âge de ces barrages.
Selon plusieurs études scientifiques, les grands barrages peuvent émettre des quantités importantes de CO2 et de méthane - émissions qui pourraient même être dans certains cas supérieures aux émissions des énergies fossiles. Le magazine en ligne Environment & Energy interroge plusieurs auteurs d’études sur les émissions de grands barrages, du Québec à l’Afrique.
Ces émissions seraient principalement liées à la décomposition de la végétation submergée par les barrages, ainsi qu’à la stagnation de l’eau dans les réservoirs. Mesurer ces émissions et l’impact exact des grands barrages sur leur évolution reste une entreprise très complexe.
Selon les scientifiques, ces problèmes d’émission sont pires dans les zones tropicales, les températures chaudes favorisant le processus de formation de CO2 et de méthane. C’est ce qui a été vérifié par exemple pour le barrage de Petit-Saut, opéré par EDF en Guyane française.
Les grands barrages développés ou projetés par le Brésil en Amazonie sont présentés par le gouvernement brésilien comme la seule solution énergétique propre (et le grand barrage de Jirau a valu par exemple à GDF Suez de vastes quantités de crédits carbone), mais la réalité paraît bien plus complexe.
Interrogé par Environment & Energy, le directeur exécutif de l’Association hydroélectrique internationale, estime qu’il s’agit d’un problème que les opérateurs de grands barrages sont à même de gérer. Il souligne qu’un grand nombre d’études à ce sujet portent sur le barrage brésilien de Balbina, qui représenterait un cas atypique et extrême en termes d’émissions, du fait de sa vaste surface et de sa faible profondeur.
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Photo : Réservoir du barrage de Petit-Saut, Guyane, CC International Rivers