Rapport du 2030 Water Resources Group

Le Water Resources Group 2030 vient de publier son rapport sur les ressources en eau à l’horizon 2030. Il conclut à la nécessité, pour assurer les besoins futurs, de ne pas tout miser sur des mesures relatives à l’offre (dessalement, transferts, etc.), mais aussi sur des mesures relatives à la demande, à la fois pour des raisons de coûts et pour des raisons de simple possibilité matérielle.

Le rapport se concentre sur quatre régions du monde jugées particulièrement critiques du point de vue de leur développement futur, de la croissance de leur population et de la disponibilité des ressources en eau : l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud et l’État de São Paulo au Brésil. Sa conclusion est que, pour combler le fossé (water gap) entre la demande d’eau prévisible pour 2030 et la disponibilité réelle de la ressource, le moyen le plus efficace et le plus économique serait de combiner des mesures relatives à la demande (maintenance des infrastructures, changement de pratiques agricoles, transformation des systèmes économiques) et des mesures relatives à l’offre (transferts d’eau ou dessalement). Tout miser sur des mesures visant à augmenter la disponibilité de l’eau serait ruineux et, dans certains cas comme la Chine, matériellement impossible. L’un des points saillants de ce rapport est l’insistance sur le caractère local de chaque "crise de l’eau" particulière, ce qui fait que les solutions les plus satisfaisantes sont également différentes en fonction des régions concernées.

Le Water Resources Group 2030 est une entité réunie sous l’égide de la Banque mondiale et de la multinationale du consulting McKinsey & Company. Il est sponsorisé par de grandes multinationales dont certaines, comme Coca-Cola et Nestlé, ne brillent pourtant pas par leur comportement responsable dans le domaine de l’eau (cf. notamment leur implication dans l’industrie de l’eau en bouteille - lire sur ce site L’eau en bouteille, aberration sociale et écologique et La « conservation de l’eau » selon les multinationales. L’exemple du cas de Coca-Cola en Inde) et trouvent là une occasion inespérée de "reverdir" leur image de marque. Des ONG comme le WWF et le Pacific Institute ont également participé à l’élaboration de ce rapport, de même que des représentants d’organisations internationales.

Conséquence de ce panel bigarré, le rapport contient du bon et du moins bon. D’un côté, il met l’accent sur la nécessité de donner à l’eau son "juste prix" (notamment en éliminant toutes les "subventions", qui ne sont pourtant pas toutes forcément illégitimes) et de trouver les moyens de mobiliser les investissements privés. De l’autre, il ne peut pas ignorer l’évidence : les moyens les plus économiques et aussi les plus soutenables d’assurer les besoins en eau de chacun ne résident pas dans la fuite en avant technologique ni dans des investissements pharaoniques, mais dans des mesures simples et peu coûteuses visant à améliorer l’efficacité de l’utilisation de cette ressource et à changer les systèmes de production pour les rendre moins gourmands en eau.

Lire le rapport, ainsi que les articles qui lui sont consacrés par l’Inter-Press Service (IPS) et par Circle of Blue.

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