En Turquie, les populations de la côte de la Mer noire se mobilisent contre un boom de projets hydroélectriques destructeurs.
La Turquie est connue pour ses barrages controversés (présents ou projetés) dans le Sud du pays sur les bassins du Tigre et de l’Euphrate - des barrages qui sont dénoncés à la fois pour leur impact social et écologique, pour le modèle industriel et agricole qui les sous-tend, pour entraîner la disparition de sites historiques inestimables, et - last but not least pour leurs conséquences sur les pays d’aval, Syrie et Irak. (Lire sur ce site Le bassin du Tigre et de l’Euphrate, une zone de tension autour de l’eau)
Mais le Nord du pays, sur la côte de la Mer Noire, est lui aussi sous pression. Sous couvert du Mécanisme de développement propre de Kyoto, les compagnies internationales multiplient les projets de centrales hydroélectriques sur les rivières de la région.
Le gouvernement turc a modifié la législation pour faciliter ce processus, dans une démarche qui s’apparente étroitement à une privatisation des cours d’eau en question. Cours d’eau et terres adjacentes sont louées aux compagnies pour 49 ans, aménagés et canalisés, avec expropriations à la clé. Le premier ministre turc Tayyip Erdoğan, pourtant originaire de la région, aurait ainsi sanctionné l’assèchement du ruisseau de son village natal.
L’effet d’aubaine des mécanismes de Kyoto a entraîné une véritable ruée vers l’or bleu, avec plusieurs centaines de projets aux bénéfices problématiques et au ficelage juridique douteux, qui font l’objet de multiples recours.
Lire des articles du site anglophone du quotidien Hürriyet sur les dégâts environnementaux et sociaux occasionnés par les barrages de la Mer Noire, leurs bénéfices plus apparents que réels et la situation de quasi impunité légale qui prévaut : ici et ici
Les populations locales, souvent emmenés par les femmes, ont multiplié les mouvements de protestation, attaquant les sites de construction de barrages et manifestant dans les villes de la région et à Istanbul. L’État turc a choisi le plus souvent de répondre par la répression.
Des films documentaires ont circulé dans des festivals internationaux qui ont commencé à sensibiliser l’opinion publique internationale : voir ici et ici en anglais sur le site Treehugger. Voir ici un extrait sur YouTube.
Le réseau ’Black Sea uprising’ entend coordonner et faire connaître les luttes des populations de la Mer Noire. Voir leur site : http://www.karadenizisyandadir.org/, lequel contient quelques pages en anglais et en allemand en plus du turc. Il rassemble de nombreux documents multimédia sur les luttes des populations de la Mer Noire.