Dans un quartier périphérique de Mexico, un mouvement populaire urbain joue un rôle moteur dans la construction d’une station d’épuration, reposant sur des technologies innovantes pour l’époque.
Contexte
Les nouvelles constructions situées à la périphérie de Mexico se trouvent pour la plupart sur des terrains en pente dépourvus de systèmes d’évacuation des eaux usées. Il existe quelques égouts à ciel ouvert qui, à la saison des pluies, débordent et engendrent des pollutions diverses. C’est le cas notamment du site El Capulin de San Rafael Chamapa à Naucalpan.
Description de l’action
Dans le cadre d’un programme d’assainissement, l’installation d’une station alternative d’épuration des eaux usées et des eaux vannes est en cours. L’expérience concerne 163 logements populaires réalisés en 1993 grâce à un prêt du Fonds national d’habitation populaire, par un groupe d’habitants organisés (UCSIV LIBERTAD) appartenant au mouvement urbain populaire (UPREZ). La station devrait subvenir aux besoins d’environ mille habitants. Sa construction se fera avec le soutien technique de la Fondation Ecodéveloppement Xochicalli A.C. (FEXAC).
Elle doit permettre à la fois le traitement des eaux usées et des eaux vannes par un processus de décomposition anaérobie qui comprend une série de trois digesteurs. C’est par un système de filtres biophysiques que l’on obtient des eaux aptes à l’irrigation d’une serre pour la culture vivrière.
La fourniture en eau potable a aussi fait l’objet de divers aménagements. La situation géographique du terrain rendant impossible le captage des eaux de ruissellement à proximité des logements, des citernes individuelles ont été installées afin de recueillir les eaux pluviales des toitures et d’apporter ainsi un complément à l’eau fournie par le réseau municipal, qui n’assure pas un approvisionnement suffisant et régulier.
Historique
Le programme de logement a été réalisé avec l’appui technique du Centre du logement et d’études urbaines (CENVI) et la participation d’une entreprise de construction. Dès le départ, il a été envisagé de connecter les systèmes de drainages primaire et secondaire à la station de traitement. La construction de la station, qui sera mise en service fin 1994, constitue la dernière étape du programme.
Résultats obtenus
Pour la réalisation de la station, un processus social s’est déclenché, impliquant la formation des bénéficiaires des logements. Dirigée par la FEXAC, la formation, qui intégrait une initiation à la gestion et à l’utilisation des ressources locales, était essentiellement orientée vers les techniques de construction en ferrociment.
Problèmes rencontrés
Les normes mexicaines actuelles en matière d’assainissement ne sont pas adaptées à un tel dispositif alternatif (aussi bien du point de vue technique que social). L’approbation du système est en effet soumise à trois instances (nationale, départementale et municipale) qui se renvoient mutuellement la responsabilité des décisions. Cet obstacle oblige les habitants à effectuer de nombreuses démarches pour obtenir un agrément officiel.
Leçons à tirer de l’expérience
Cette expérience montre qu’une action innovante en matière d’assainissement peut être menée par un groupe d’habitants organisés. Mais, c’est au prix d’importants efforts de gestion. L’obtention de crédits et la réalisation des logements ont permis aux habitants de s’organiser (trois commissions ont été créées) afin d’affronter les nombreux obstacles posés par les administrations ou des entreprises de constructions.
Perspectives
Les normes évoluent plus lentement que les technologies et freinent souvent le progrès. L’organisation sociale des habitants – moteur de toute action – doit être renforcée puisqu’elle constitue un facteur déterminant pour une meilleure gestion urbaine. Le système technique utilisé ici a déjà fait ses preuves dans d’autres opérations de la FEXAC, mais c’est la première fois qu’il est géré et exécuté directement par une organisation d’habitants. Ce mode de traitement des eaux peut être considéré comme une ouverture favorable au développement de l’agriculture urbaine.
SOURCE
– Large reproduction d’une fiche parue dans : L’eau et la santé dans les quartiers urbains défavorisés, Paris, GRET, 1994, p. 140-141.