Vladimir Poutine a récemment autorisé la réouverture d’une usine de pâte à papier qui avait été fermée en octobre 2008 en raison de la pollution qu’elle entraînait dans le lac Baïkal. Associations et écologistes locaux et internationaux se mobilisent.
La décision de Poutine aurait été prise suite à une intense pression de l’influent oligarque Oleg Deripaska, propriétaire de l’usine, qui n’a pas manqué d’invoquer l’argument de l’emploi. Son empire industriel a pourtant déjà bénéficié de milliards de roubles d’aide d’Etat depuis le début de la crise financière mondiale. Baïkalsk, où l’usine est implantée, fait partie des milliers de monogorods, villes-à-une-seule-usine, particulièrement vulnérables face à la crise.
Lire en français ici et en anglais l’article beaucoup plus complet du Guardian.
Une manifestation organisée par des associations locales soutenues par des ONG internationales a été organisée à Irkoutsk le samedi 13 février. Une pétition est en ligne à l’adresse http://www.babr.ru/.
Ils soulignent que l’usine n’est plus profitable depuis longtemps, et que la décision de reprendre ses activités ferme la porte à d’autres possibilités de développement de la région, comme l’écotourisme ou les loisirs.
Le lac Baïkal, plus grande réserve d’eau douce d’Asie, classé au patrimoine mondial de l’humanité, abrite une très riche et unique biodiversité. La sensibilité écologique est particulièrement forte dans cette région de la Russie. En 1996, le même Poutine avait dû dévier le parcours d’un oléoduc sous la pression de l’opinion publique.
L’industrie de la pâte à papier est l’une des plus polluantes qui soit pour les ressources en eau. On rappellera par exemple la crise diplomatique qui avait opposé il y a quelques années l’Argentine et l’Uruguay quand ce dernier pays a annoncé l’ouverture de deux usines de pâte à papier sur le fleuve frontalier (lire sur ce site Les pollutions transfrontalières, une menace pour la paix mondiale ?).
Le papier est blanchi avec du chlore et les eaux usées sont ensuite rejetées dans l’écosystème. Des décès massifs d’espèces indigènes de phoques, de poissons et de plantes ont déjà été documentés, et la réouverture de l’usine augure mal de l’avenir de toute la partie Sud du lac.