L’Amazonie brésilienne n’est pas la seule touchée par les grands projets de barrages ou d’exploitation des ressources fossiles. Au Pérou et en Équateur, de nouvelles lois visant à faciliter ce type d’investissements provoquent contestations et révoltes sociales, notamment chez les populations indigènes.
Inter-Press Service (IPS) explique dans un article récent comment le gouvernement péruvien d’Alan García essaie de passer dans l’urgence une loi visant à faciliter la mise en oeuvre de grands projets de développement, correspondant à "l’intérêt public supérieur", notamment sur les terres indigènes.
Il s’agit en particulier de projets de grands barrages comme ils actuellement en construction ou en projet au Brésil (lire sur ce site notamment Les barrages du Rio Madeira : une certaine conception du développement de l’Amazonie). Les projets péruviens sont d’ailleurs fortement soutenus par les autorités et les investisseurs brésiliens
Il s’agit également de favoriser encore les investissements des multinationales minières et pétrolières, déjà en plein boom dans la région amazonienne du pays.
Ces projets pourraient occasionner des expulsions et des déplacements de population significatifs, soit directement par expropriation, soit indirectement en raison de la dégradation de l’environnement local liée aux activités extractives, notamment la pollution de l’eau.
Dans un article complémentaire, IPS détaille le cas d’une opération d’extraction d’or et d’argent.
Voir aussi cet article en espagnol de SciDev.net sur les conséquences de l’extraction du pétrole dans l’Amazonie péruvienne.
Enfin, cet article d’AlterNet raconte les poursuites judiciaires engagées par une communauté péruvienne pour obtenir réparation devant la justice contre les abus de pétroliers.
Contradictions en Équateur ?
Parallèlement, en Équateur, un ensemble similaire de mesures législatives relatives à l’exploitation de l’eau (lire sur ce site Conflit autour de la Loi de l’eau en Equateur), du pétrole et des ressources naturelles, destinée à favoriser les investissements des grands groupes étrangers, a été l’occasion d’un divorce entre le mouvement indigène du pays et le président Rafael Correa, pourtant réputé progressiste et proche de ces derniers.
D’après un autre article d’Inter-Press Service (en anglais), les indigènes de la région amazonienne, principaux concernés par ces mesures, auraient obtenu de leurs homologues de la sierra, mieux (ou moins mal) disposés à l’égard de Correa, qu’ils rompent définitivement avec celui-ci et engagent une série d’actions de protestations (voir ici un résumé de cet article en français).
A l’automne dernier, le gouvernement équatorien avait fait la une de la presse internationale avec sa proposition de ne pas exploiter le pétrole situé sous la réserve naturelle dite "ITT" de Yasuní ... en échange de cofinancements internationaux. Voir ici le site officiel du projet et ici un rappel de l’affaire.
Comment rendre compte de la contradiction entre ces deux développements ? Ils reflètent les difficultés du gouvernement Correa à sécuriser des engagements internationaux pour le projet Yasuní. Ils reflètent également des désaccords politiques au sein du gouvernement Correa (Alberto Acosta, l’un des pères du projet Yasuní, serait opposé aux nouvelles lois), voire au sein du mouvement indigène équatorien.
Il est clair également que, malgré la proposition innovante que représente le projet Yasuní, la vision politique de Correa est celle d’un État développementiste jacobin classique, ce qui ne pouvait que le mettre en porte-à-faux avec certaines revendications des indigènes. Le choix était peut-être de mettre en avant la protection de la région de l’ITT, certes la plus riche en biodiversité, au prix de l’exploitation de toutes les autres.
On rappellera qu’un grand scandale est en cours relatif à la pollution de l’eau occasionnée par les opérations pétrolières de Texaco en Équateur à partir des années 60. Les mouvements indigènes locaux essaient d’obtenir réparation auprès de Chevron, qui a incorporé depuis Texaco, mais la multinationale pétrolière refuse de reconnaître sa responsabilité. Lire l’article récent publié par AlterNet à ce sujet.