Un programme d’action global au niveau du bassin versant pour restaurer la qualité des eaux de la Rade de Brest

Un vaste et complexe programme est en cours depuis les années 90 pour restaurer la qualité des eaux de la rade de Brest en associant tous les acteurs concernés. Malgré les avancées obtenues, la réalisation d’un tel objectif requiert un effort de longue haleine.

Une démarche globale et multi-partenariale au service de la politique de l’eau

Préoccupée par la dégradation de l’eau potable et de l’eau de la Rade, petite mer fermée de 184 km2, la Communauté Urbaine de Brest (CUB), agglomération de 214 000 habitants, a décidé de mettre en place un programme d’action global à l’échelle de son bassin versant. Il s’agit du Contrat de Baie de la Rade de Brest dont la première phase a débuté en 1992 et pour lequel la CUB a été nommée maître d’ouvrage.

Il s’agit d’un plan d’action global et cohérent, prenant en compte les interrelations existant entre l’espace urbain, l’espace rural et l’espace naturel et mobilisant tous les acteurs du territoire, responsables, chacun à leur niveau, de la pollution progressive des eaux de la Rade.

La restauration de la Rade de Brest présente plusieurs enjeux . Il s’agit :
 d’inciter les agriculteurs et les responsables d’activités agro-alimentaires (15 % des emplois de la région) à produire autrement ;
 compte tenu du contexte économique, de trouver de nouveaux axes de développement économique et d’encourager la diversification de toutes les activités liées à la Rade, mais en minimisant leur impact sur l’environnement marin. La qualité des eaux de la Rade est indispensable au développement touristique ;
 de restaurer la qualité du cadre de vie et des paysages car la Rade a une valeur symbolique et emblématique pour les Brestois et l’ensemble des habitants du bassin versant.

Des structures nouvelles aptes à piloter le programme

Dans la première phase du programme (1992-1997), la CUB a créé, pour gérer le Contrat, le Service Rade rattaché à sa Direction Environnement et composé de 4 ingénieurs chargés de coordonner l’ensemble des opérations. Un Comité d’une trentaine d’experts internationaux est, d’autre part, réuni chaque année pour se prononcer sur les programmes en cours. Des travaux de recherche universitaires sont entrepris sur le sujet.

Du côté politique, le Comité de Baie, réunissant les élus, les institutions et les associations, pilote le programme. Les Services techniques et administratifs de l’ensemble de ces partenaires sont représentés au sein du Groupe Technique, « cheville ouvrière » de l’ensemble du programme.

1992-1997 : La définition d’un programme d’action et de travaux actuellement en cours

Après avoir dressé l’état des lieux et des milieux de l’ensemble de la zone et conduit 6 expériences pilotes de dépollution, la CUB s’est attachée à bâtir, en collaboration avec l’ensemble des partenaires concernés, un programme d’actions préventives et curatives permettant d’obtenir une restauration de la qualité des eaux et des milieux, et ce, dans un souci de développement économique durable, objet même du Contrat de Baie.

Cette phase s’est achevée en février 1997 par la signature du contrat par l’ensemble des partenaires et dès lors par la mise en oeuvre du programme d’actions et de travaux prioritaires qui devrait être achevé fin 2002.

Ce programme comporte 4 grands volets d’action.

Volet « Restauration »

L’objectif est de réaliser les travaux lourds d’assainissement domestique, industriel et agricole. Ce volet comprend 11 grands programmes d’action :
 traitement des matières de vidange provenant des fosses sceptiques et des boues des stations d’épuration ;
 limitation des pollutions domestiques et issues du ruissellement par temps de pluie ;
 programme « peintures antisalissures marines » ;
 programme « piscicultures industrielles » ;
 programme « limitation des utilisations de pesticides agricoles et non agricoles » ;
 modification des pratiques agricoles ;
 équipements des serres en système de recyclage des solutions nutritives ;
 programme de reconversion à l’agriculture biologique ;
 programme d’aménagement de l’espace rural.

Le coût estimé est de 739 millions de francs sur 5 ans, soit environ 88 % du montant global.

Volet « Protection- Préservation »

L’objectif est de protéger, entretenir et gérer le patrimoine naturel. Ce volet comprend 7 grands programmes d’action :
 entretien et restauration des cours d’eau et des fonds de vallée ;
 suivi et entretien de la rade de Brest (ouvriers-côtiers) ;
 inventaire du patrimoine naturel (en rade et sur le bassin versant) ;
 protection des milieux aquatiques sensibles (tourbières) ;
 protection des espèces rares et menacées ;
 gestion des stocks de poissons migrateurs ;
 pêche maritime et stocks marins.

Le coût de ce programme est estimé à 60,6 millions de francs sur 5 ans, soit 7,2 % du montant global.

Volet « Gestion intégrée »

Il s’agit de coordonner l’ensemble des actions et travaux en cours. C’est le rôle du Comité de Baie, des comités de suivi et du groupe technique. Est également prévue la mise en place d’un observatoire de l’environnement sur la zone, géré par l’ensemble des partenaires et ayant pour vocation de fournir des supports d’aide à la décision ainsi que des supports de communication au Comité de Baie. La mise en oeuvre de ce programme a été présentée à l’Union européenne dans le cadre de 2 programmes : pour le premier (ADAGE), le label EUREKA a été décerné en juin 1996. Pour le second (LIFE), le Contrat de Baie vient d’être désigné comme zone pilote européenne en matière de gestion intégrée des espaces littoraux (décembre 1996). Le coût de ce programme est estimé à 30,3 millions de francs sur 5 ans, soit 3,6 % du montant global.

Volet « Communication »

Il s’agit, en sensibilisant, en conseillant et en participant à des opérations de formation et d’éducation, d’obtenir l’adhésion du plus grand nombre de concitoyens à la démarche commune : l’ensemble des habitants du bassin versant est responsable de la qualité de son propre cadre de vie et de son développement économique durable. Des opérations de communication sont donc prévues, s’adressant au grand public, aux professionnels, aux élus et aux scolaires. Ce programme devrait coûter 9,4 millions de francs sur 5 ans, soit 1,1 % du montant global.

Un tel programme doit cependant venir à bout d’un grand nombre de réticences. Par exemple, les politiques de reconquête municipale de certains milieux n’emportent pas l’adhésion des Brestois. De même, l’acceptation de partenariats nouveaux et inhabituels (ville-agriculteurs) est lente, tout comme les négociations.

SOURCE
 FEDERATION FRANCAISE DES AGENCES D’URBANISME, Planification urbaine et développement durable, 1996

Commentaire (Olivier Petitjean, 2008)

Malgré les résultats atteints en termes d’amélioration de la qualité des eaux, la dépollution de la rade de Brest requiert un effort de longue haleine. Aussi le Contrat de Baie, initialement prévu pour durer jusqu’en 2003, a-t-il été prolongé jusqu’en 2006, puis remplacé par un « Contrat de rade » qui en poursuivra la démarche au moins jusqu’en 2010. Le Contrat de rade repose lui aussi essentiellement sur un programme de travaux, déclinés en fonction de différents « enjeux » (enjeux nitrates, érosion, bactériologie, pesticides, entretien des zones humides et bocage), et est toujours accompagné d’actions d’accompagnement des communes et des agriculteurs du bassin versant, ainsi que d’une campagne de sensibilisation du grand public. À noter également la mise en place d’un réseau de suivi de la qualité des eaux intitulé RADE (Réseau d’Acquisition de Données sur l’Eau et l’environnement), reposant sur 26 points de contrôle qui permettent de suivre le transfert des polluants du bassin versant vers la rade de Brest et donc d’évaluer l’efficacité des actions entreprises pour la protection de la qualité de l’eau et des milieux.

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