L’été dernier, la ville de Los Angeles avait connu une série spectaculaire de ruptures de canalisations dans différents quartiers de la ville (lire Vague de ruptures de canalisations à Los Angeles). Un rapport récemment publié confirme l’hypothèse selon laquelle ces incidents ont probablement été causés par la réduction des flux d’eau dans le réseau du fait de la sécheresse et des mesures de restriction. Un rapport de cause à effet qui vient illustrer combien la démarche - louable et, dans le cas de Los Angeles, indispensable - d’économiser l’eau peut entraîner des conséquences négatives en raison dont la manière dont le système a été conçu.
Selon les experts réunis pour rédiger ce rapport, les variations de pression sur le réseau, dues aux restrictions de consommation qui n’autorisaient les arrosage qu’un jour sur deux, se sont combinées à la vétusté des infrastructures et de certains canalisations pour entraîner cette soudaine épidémie de fuites et de ruptures.
Au-delà des mesures de restriction et des alternatives qui pourraient leur être substituées, la tendance générale à la baisse des consommations d’eau pèse sur le réseau. Les autorités ont annoncé au même moment que les habitants de Los Angeles ont consommé autant d’eau en 2009 qu’en 1979, bien qu’ils soient plus nombreux d’un million (ce qui ne veut pas dire pour autant, bien évidemment, que la consommation d’eau de Los Angeles soit soutenable...).
Le portail états-unien Circle of Blue publie un long article très intéressant qui montre que les effets négatifs des baisse de consommation d’eau sont loin de concerner la seule ville de Los Angeles. Un peu partout, notamment dans l’Ouest des Etats-Unis (Las Vegas, Tucson, Phoenix), les efforts consentis par les consommateurs pour économiser l’eau sont récompensés par une hausse des tarifs...
Comment concilier les efforts d’économies et de conservation de l’eau - qui restent absolument indispensables dans nombres de villes des Etats-Unis et ailleurs, et la protection du droit à l’eau, notamment pour les plus pauvres, ce qui implique un prix raisonnable ?
L’article de Circle of Blue compare les structures de tarification de plusieurs villes des Etats-Unis et s’attarde sur le modèle adopté par un district californien qui assure à la fois le droit à une quantité minimale d’eau à un prix raisonnable et récompense les usagers les plus économes. Les coûts d’investissement sont financés séparément, à travers la taxe résidentielle et les frais de connexion initiale au réseau.
Un problème qui est loin de se limiter au Sud-Ouest des Etats-Unis
Aux Etats-Unis, le problème de la conciliation entre conservation de l’eau et tarification juste est encore aggravé et compliqué du fait de la crise économique qui entraîne une baisse drastique de la consommation d’eau (et une incapacité accrue des ménages pauvres à s’acquitter de leur facture) : lire A Detroit, le service municipal coupe l’eau des pauvres. Une autre caractéristique de la situation dans ce pays est le mauvais état des infrastructures, qui entraîne des besoins financiers supplémentaires : lire Le secteur de l’eau aux Etats-Unis menacé par le manque d’investissements.
Il s’agit au demeurant d’un problème général dans tous les pays développés. La tendance générale à la baisse des consommations d’eau (liée aussi bien à l’évolution économique qu’à des changements de pratiques individuelles) met à mal les modes de fonctionnement établis, aussi bien en ce qui concerne l’ingénierie des réseaux que les modes de financement de l’eau, usuellement assis sur les volumes de consommation et donc de plus en plus inadaptés.
En Allemagne, par exemple, où la baisse de la consommation d’eau est la plus marquée (lire sur ce site Économiser l’eau potable : les villes allemandes en pointe et Économiser l’eau consommée dans les villes), les ingénieurs de l’eau ont averti que la réduction des flux empêchait les systèmes d’évacuation des eaux usées de fonctionner de manière optimale.