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La 21e Conférence internationale sur le climat vient de s’achever à Paris avec la signature d’un accord salué comme « historique ». À travers ce nouveau traité, la communauté internationale affiche des objectifs relativement ambitieux, quoique très généraux – mais elle en dit très peu sur les moyens concrets d’atteindre ces objectifs.
Le caractère désincarné de cet accord – qui laisse la porte ouverte à tout et son contraire, et se refuse à entériner les « lignes rouges » souhaitées par une grande partie de la société civile : la transition énergétique et la fin des combustibles fossiles, l’agro-écologie, la place des multinationales et du secteur privé – est d’autant plus dommageable que la crise climatique ne saurait être traitée séparément des autres crises sociales et environnementales que subissent à des degrés divers les nations du globe. S’attaquer à l’enjeu du climat isolément et de manière réductrice, sans vision globale, au nom de « l’urgence », ne peut que se révéler contre-productif à court ou à moyen terme.
Rien n’illustre mieux ce constat que la question de l’eau. La crise climatique est aussi une crise de l’eau. Elle l’est d’abord – c’est relativement connu – parce que les impacts du dérèglement climatique se font d’abord sentir à travers l’eau, son absence (sécheresses) ou son trop-plein (inondations). Mais elle l’est aussi parce que la mauvaise gestion des ressources en eau est une cause directe du dérèglement climatique – d’une part parce que la déforestation et l’assèchement des sols créent des dérèglements climatiques locaux, et d’autre part parce que cette mauvaise gestion aggrave les impacts des événements météorologiques extrêmes. Heureusement, l’inverse est également vrai : un changement de paradigme de gestion de l’eau, mettant l’accent sur la protection ou sur la restauration des cycles hydrologiques naturels d’une part, et d’autre part sur le droit humain à l’eau et à l’assainissement, est susceptible de minimiser à la fois les effets et les impacts du dérèglement climatique.
L’eau et sa gouvernance sont donc également la clé de l’adaptation au changement climatique – pourvu toutefois que soit mis en œuvre un véritable changement de paradigme. Or certains acteurs – comme les entreprises privées de l’eau ou de l’agrobusiness ou les développeurs – cherchent justement à tirer argument de la crise climatique pour renforcer et approfondir encore les logiques de privatisation, de gestion commerciale ou de bétonnage qui sont responsables de la double crise de l’eau et du climat.
La bataille pour l’eau doit aussi se gagner sur le front du climat, et inversement.